La Grande Simone

Finaliste du concours de la Zone de rencontre Simon-Valois
Montréal. 2018

Conception :
Mousse Architecture de Paysage, Julie Parenteau, Carolyn Kelly-Dorais, Céleste Diehl, Karyna St-Pierre, Maud Thery, poésies par Chantal Bergeron

Les amis : Gravitaire Génie Civil, LightFactor.

Le projet de zone de rencontre La Grande Simone se veut une continuité de la place Simon-Valois mais avec sa propre personnalité. C’est un peu la grande sœur de la place actuelle. Une voisine à la fois apparentée et distincte qui vient étendre la notion de place à l’ensemble de la zone. Simone, c’est l’âme du quartier. Inclusive, elle a une place pour chacun. Protectrice, la sécurité lui tient à cœur. D’une nature généreuse et accueillante, on est chez elle comme chez soi.
Jadis, l’espace fût occupé par les trains, les marchandises et le secteur manufacturier ainsi que par un grand nombre de plantes pionnières poussant librement dans l’emprise de l’ancienne voie ferrée. Ces plantes nomades furent parmi les habitants du quartier et voyageaient grâce aux mouvements générés par le déplacement des trains. L’asclépiade fût une de ces voyageuses. Pour la Grande Simone, elle symbolise le nouveau foyer. C’est une robe, une broderie, un tableau, une éclosion, un bijou, un jardin à la fois organique et fragile, toujours en migration et en propagation. Elle est chaleureuse comme le cocon d’une grande maison humaine et végétale en même temps.

Le nouveau pavé est installé au même niveau que celui de la place. Il s’inscrit dans la même trame que celui-ci. Il reprend la taille, la forme et le gris pâle de ce dernier. Ce faisant, il assure une harmonie visuelle sur l’ensemble de la zone. On obtient ainsi une grande zone partagée en nivellement continu. La trame grise de base est ornée d’un motif végétal coloré. Le motif est construit comme une mosaïque de teintes rosées faite à partir des carrés de béton coloré et de granit. Le motif de la robe se déploie en suivant les mouvements mis en place par les assises de l’actuelle place Valois. Du point de vue du marcheur, ce sont de grandes étendues colorées et rythmées qui alimentent sa promenade. En hauteur, on reconnait distinctement le motif organique d’asclépiade. Comme une trame végétale en déplacement, le motif semble surgir de la promenade Luc-Larrivée et renforce la connexion entre la place Valois et la promenade, soulignant ainsi cet important lien. Les pavés noirs placés comme des confettis sur la place Simon-Valois deviennent les graines de la plante portées aux quatre vents. Perméable à plusieurs endroits, la robe de Simone absorbe l’eau de pluie, la conserve en elle, puis la relâche doucement dans la terre et dans l’air. La place est maintenant plus vivante et respirante. Elle apporte eau et nourriture à ses plantes qui y poussent bien. L’eau est dirigée vers les fosses de plantations et certains drains linéaires. Des brumisateurs qui récupèrent les eaux de pluie laissent émerger de la brume quand le beau temps revient après la pluie durant les chaudes journées d’été.
La stratégie végétale se compose de plantes et de végétaux rappelant celles qu’on retrouve le long des voies ferrées. La nature reprend ses droits de façon concrète et symbolique à l’intérieur de cette grande place urbaine.
La bordure actuelle de la place Simon-Valois est remplacée par une nouvelle bordure plus fine et discrète sur laquelle est gravé un texte poétique en lien avec l’âme du quartier. Le texte évoque la diversité des êtres fréquentant la place, comme des portraits qui se révèlent un pixel à la fois. Les Bijoux remplacent les cubes d’onyx. Ce sont des structures cubiques rétro-éclairées faites d’acier micro-perforé à la découpe laser. Uniques et différentes les unes des autres, ces assises ont un motif abstrait et organique inspiré d’images de cellules humaines et végétales fusionnées. Leur présence est la métaphore d’une rencontre possible où s’entremêlent l’âme des gens et celle des plantes. Le soir venu, les ombres projetées créent des tapis de lumière sur le pavage. Certains de ces cubes se dispersent hors de la place actuelle allant contaminer telles des plantes pionnières, l’ensemble du site.

La mise en place d’un système de mapping vidéo permet la diffusion continue d’une œuvre d’art conçue spécialement pour l’endroit à travers un geste pérenne. La projection lumineuse et en mouvement vient égayer le centre de l’actuelle place Simon-Valois. Colorée et en lumière, l’œuvre de mapping se déploie aussi bien sur la neige que sur le pavé. L’œuvre évoque la vie d’une fleur depuis l’éclosion de sa naissance jusqu’à la diffusion de ses semences et de sa disparition. Un cycle de vie complet présenté en multiples séquences aléatoires. C’est un dialogue à la fois avec le motif pixelisé du pavage existant, la bordure poétique et les nouveaux motifs colorés. Cette œuvre numérique in situ devient un repère distinctif et une force de l’aménagement en toute saison.

La nouvelle zone de rencontre Simon-Valois reflète l’identité du quartier. C’est un espace coloré, lumineux, distinct et inclusif. Un lieu sécuritaire, une toile de fond qui fait place aux événements et aux initiatives citoyennes et municipales.

Parce que la place Valois est pour tous les Simon et les Simone. Tous les voisins et les voisines, les âmes nomades qui repassent à répétition ici, les petits frères et les grandes sœurs bienveillantes, les tantes, les mères et les grands-mères. Parce que cette place c’est nous. Et que nous sommes vibrants. Parce que la place Valois est autant ancrée dans l’histoire passée des trains toujours en marche en mémoire, que dans le mouvement des âmes-pixels, qui se rassemblent et se dispersent tous les jours au gré du vent, telles des aigrettes qui essaiment le quartier de leurs idées, de leurs sensibilités et du pointillé de leurs pas.