Jardin Holographique
Installation artistique
Centre-ville, Montréal
2022
Conception :
Julie Parenteau, Karyna St-Pierre, Céleste Diehl, Sandra Ciro
Fabrication :
Multicolore, Christian Dufour, Escouade Atelier
Les amies : Ann-Lisa Kissi
Photos : Ulysse Lemerisse
Sur le thème du « Retour à l’anormalité » initié par la Chambre de commerce de Montréal, Jardin Holographique invite les visiteur.euses à entrer dans un lieu à l’intersection du virtuel et du « réel ». Tandis que les espaces de réalités virtuelles tentent de recréer le sentiment de présence par différentes techniques d’immersion (je me sens là-bas même si mon corps n’y est pas); l’installation détourne ou rappelle les codes du virtuel et des environnements numériques pour faire vivre une expérience engageante et sensible de l’ici-maintenant.
Déployée dans le lobby de la tour CIBC, l’installation est formée d’un pavillon ouvert, tel un cocon qui n’est pas refermé sur lui-même ou un coquillage géant installé au milieu d’un jardin. Le pavillon s’appuie sur une armature d’aluminium et est composé de matières miroitantes et colorées aux effets holographiques. Ainsi, l’image des participants s’y trouve multipliée et métamorphosée à même les facettes angulaires de la structure, qui imitent la composition de cristaux tout en devenant des miroirs déformants. Des plantes suspendues, têtes en bas, donnent au décor un effet d’étrangeté et de paysage sous-marin. Ce jardin urbain, qui est peut-être une plaine, est peut-être aussi le lieu d’un ancien désert devenu abri baroque. C’est peut-être un endroit qui revit depuis peu. C’est peut-être un nouvel espace botanique inattendu. C’est peut-être un univers de reflets et de faux-semblants où se rencontrer à nouveau. L’installation est complétée par des éclairages et une ambiance qui participent à l’expérience immersive de douceur. Tandis que les lumières démultiplient les effets de reflets et d’iridescences des matériaux utilisés, la bande-son est une berceuse des plantes faite de chuchotements, de bruits de vagues, de rires humains.
L’invitation à aller de l’autre côté de l’écran dépasse l’idée de pénétrer une boite pour la faire exploser et ainsi réaliser que cet univers est non seulement ouvert, mais qu’il renferme une multitude de mondes éventuels ou dans ce cas-ci, un univers inventé. Le jardin holographique est un terrain de jeu de sensations comme l’est le pays des merveilles. C’est une forme de cabinet de curiosités où chasser la solitude, l’ennui et le banal. C’est une parade du vivant. C’est donc un inventaire de choses rares et inusitées, voire anormales.
Jardin Holographique est une installation organique qui rappelle et accueille le vivant à travers son assemblage et les gens qui en feront l’expérience en la peuplant, tels des représentant.e.s hétéroclites en métamorphose, voire « monstrueux », donc fantastiques. C’est un endroit éclaté, qui capture des instants et des lieux dans un inventaire désordonné. C’est l’espace qui permet de sortir de chez soi et de soi pour découvrir une galerie de miroitements singuliers dans une atmosphère englobante. Dans les reflets pourraient se cacher : une canopée de végétaux qui joue au pendu – des éclats de lumières et de couleurs qui rappellent des pixels en apesanteur – des données brutes soufflées en bulles givrées – des parois poreuses et des répétitions de motifs qui accouchent de fractales toutes pareilles et toutes différentes – des flacons qui renferment des hautparleurs aux chuchotements odorants – des symphonies visuelles déformées pour outcasts – une vitrine de coquillages en carton – du filage et des câbles assez longs pour se rendre à la lune ou dans un terrier ou 20 000 lieues sous les mers – des cous étirés de serpents aux écailles qui trompent les apparences – des mémoires mortes affamées – des lettres de clavier qwerty qui se transforme en dentition pour chat souriant – des avatars géants et minuscules métissés hallucinés – des labyrinthes de circuits électroniques – de soudaines nouveautés Jack-in-the-box. Retour à l’anormalité réussi!
Texte par Lunettes Roses